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Comme une promesse d'été, de temps buissonnier, d'échappée belle, les films de Bruno Podalydès sortent toujours à l'orée de l'été. Mais avec "Wahou!", foin de vagabondages estivaux ou de divagations! "Il faut avoir la tchatche", martèle Octavio (Bruno Podalydès), agent immobilier, à son stagiaire. Rassurer les clients, les accompagner dans leurs désirs, masquer les défauts d'un bien à la force du bagou et surtout susciter l'onomatopée extatique "Wahou!" dès le seuil du bien immobilier à vendre.
S'ouvrant sur ces auspices pragmatiques et ludiques, et voguant entre deux décors, celui d'une belle demeure du XIXe ayant appartenu à un aviateur (et ayant donc quelques heures de vol et des réparations conséquentes à prévoir) et celui d'un F2 lumineux, promesse de jours heureux pour jeunes couples énamourés, le nouvel opus du facétieux Bruno ne ressemble malheureusement qu'à un appartement témoin, délesté de la drôlerie si ouvragée, des inventions fourmillantes qui émergeaient de chacun de ses films précédents avec la brusquerie malicieuse et dégoupillée des jouets enfantins.
Si la succession de saynètes et la manière de croquer en un tournemain plusieurs sociotypes prête à sourire et fait souvent mouche, on recherche en vain la patte du cinéaste d'"Adieu Berthe" que l'on retrouve ça et là, telle la glaviole repérée par Eddy Mitchell, propriétaire de la demeure cossue mais dans son jus, au milieu des feuilles mortes du parc.
La glaviole, objet totémique du cinéma de Poda et "private joke" pour podalydésiens, semble ainsi tenue pour quantité négligeable, repoussée d'un revers de râteau par l'atrabilaire propriétaire. Métaphore de l'aficionado de l'œuvre de Poda qui cherche ici en vain la glaviole-graal, autrement dit la singularité primesautière de son cinéma, loin des effets de manche comique faciles du film à sketches mainstream auxquels il cède un peu dans ce nouvel opus.
Ici et là, quelques répliques d'une utopie nostalgique, telle celle d'Agnès Jaoui, quasiment dans son propre rôle de chanteuse cherchant à fédérer une petite communauté de musiciens et regrettant in fine de ne pouvoir réaliser son rêve de "belle équipe" à la Duvivier, la pantomime du jeune couple avec leurs vélos pliants, la pétulance d'une Sabine Azéma en retraitée dynamique, la crise de nerfs d'une Isabelle Candelier vampirisée par un mari ayant un bulldozer à la place du cerveau (loin de la scène culte de Valérie Lemercier dans "Adieu Berthe") font surnager mais presque au forceps, en pilotage automatique, l'esprit du cinéma de Poda, que l'on cherche souvent en vain de pièce en pièce.
Malgré son casting reluisant, l'originalité de son scénario de départ et le côté pimpant, sur le papier, du film à sketches en mode troupe, "Wahou!" ressemble vraiment à l'"avion sans ailes" qui ponctuait le formidable "Comme un avion". Il manque l'étincelle pour nous faire décoller... Vivement son prochain, déjà en tournage, dont le titre prometteur "Les petites vadrouilles" augure une réjouissante échappée. Un cinéaste du baguenaudage tel que Poda ne laisse pas impunément enfermer entre quatre murs !
On cherche en vain de pièce en pièce l'esprit du cinéma de Poda...

On cherche en vain de pièce en pièce l'esprit du cinéma de Poda...

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