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Ca ressemble au titre d'un album de Titeuf. Mais non, "Sous les jupes des filles" est le premier long-métrage de la pétulante et sympathique Audrey Dana (Welcome, Le bruit des glaçons), qui affiche une prétention louable, celle d'exhiber la part animale des femmes. C'est vrai que les femmes en ont même si, comme le rappelle le prologue qui débute in medias res, où plus justement in medias règles, le joug du cycle hormonal pèse sur elles avec toute la force des dérèglements climatiques. Voilà donc onze femmes modernes, urbaines, toutes working girls (à l'exception d'Ysis - Géraldine Nakache-, desperate housewife affublée de quatre bambins) dont Audrey Dana se propose de révéler le côté primitif, que le titre choisi au départ, Homosapiennes, annonçait explicitement.

La seule chose que l'on portera au crédit du film d'Audrey Dana, c'est son ballet choral, assez bien orchestré, qui fait s'entrelacer les destins de ces onze filles, même au prix des plus grosses ficelles, mais on passera là-dessus tant l'ensemble est consternant. Si "Les Gazelles" de Mona Achache avaient redoré avec panache le blason de la comédie girly, "Sous les jupes des filles" plonge la tête la première dans le bourbier du nanar 100 % féminin. Tout est sidérant de bêtise, à commencer par les portraits au fusain gras qui finissent par dessiner une cacophonie ridicule et outrancière, un catalogue grotesque et navrant des différentes facettes de la femme d'aujourd'hui.

Soient une urbaine stressée et parano (Sylvie Testud) qui voit les hommes comme autant de gardes du corps susceptibles de faire paravent à l'insécurité urbaine notoire, une quinqua guettée par la ménopause (Isabelle Adjani) qui fait sa crise de jeunisme avec force hystérie, une conductrice d'autobus dont une bosse à la tête a débridé la nymphomanie latente (Julie Ferrier, rigolote), une avocate secouée par d'incessants borborygmes et flatulences (Laetitia Casta), une directrice d'institut de sondage castratrice détestée de la gent féminine (Vanessa Paradis), une femme au foyer (Géraldine Nakache) qui s'essaie aux amours saphiques pour pimenter sa vie avec une homosexuelle notoirement infidèle (Alice Taglioni dans un rôle de composition peu convaincant), etc, etc.

Entre les gamelles postiches et pas marrantes pour un sou que se prennent nos femmes au bord de la crise de nerfs, les grimaces et autres crispations faciales qui essaient de faire passer l'inanité du propos au second plan, les gags préfabriqués, la surenchère crasse des punchlines ("Quand elles arrivent à date de péremption, elles se gonflent et elles explosent" dit-on à propos des femmes ménopausées) et l'outrance des situations, "Sous les jupes des filles" s'avère poussif de bout en bout, pour ne pas dire insoutenable. C'est sans compter les jeux de mots explosifs qui ponctuent le film, où la polysémie du mot "chatte" est étirée au cours d'une scène d'une ineptie presque gênante.

Si les gags de la bande annonce fonctionnaient plutôt bien à la faveur d'un bon découpage et d'un rythme calibré, force est de constater qu'ils tombent ici à plat, perdus au milieu du marasme généralisé et retardés par la lenteur et la stérilité des dialogues dont l'hystérie dissimule mal la vacuité. Les actrices - pas toutes mauvaises au demeurant- semblent s'embourber dans leurs flots de paroles laborieux, qui égrènent poncifs féministes et considérations domestiques avec une monotonie soporifique.

Seules quelques scènes échappent au désastre survolté, et encore si l'on est de bonne humeur : celle, quasi-burlesque, du petit déjeuner tendance Bidochon où les excellents Julie Ferrier et Nicolas Briançon beurrent leurs biscottes en silence et une version régénérée du théâtre de boulevard, où Audrey Dana et Alex Lutz (on voit aussi ce qu'il y a sous le froc des garçons) sont surpris en pleine action par la régulière, en l'occurrence Marina Hands, ex Lady Chatterley. "Sous les jupes des filles" n'échappe pas à l'écueil dans lequel tombe souvent la comédie masculine, puisque les hommes sont ici réduits au rôle de faire- valoir des femmes.

De ce ballet débridé d'une rare indigence qui, après une bacchanale féminine, renie son propos désinhibant pour conclure sur une fin édifiante (le retour au bercail de la femme au foyer), rien ne surnage si ce n'est peut-être la prestation d'Audrey Fleurot qui, vacharde et cynique, semble déjouer la bêtise de ce nanar de nanas.

Un ballet débridé d'une rare indigence. Source image TéléCinéObs.

Un ballet débridé d'une rare indigence. Source image TéléCinéObs.

Tag(s) : #girly, #comédie

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